L’alimentation est un enjeu majeur de notre société, qui, comme de nombreux sujets polémiques de notre siècle, fait l’objet de nombreux débats, injonctions ou recommandations (éco)responsables ou culpabilisantes, susceptibles de nous réduire au statut de « bon » ou « mauvais » consommateur / citoyen.
Vectrice de notre santé, et avant tout vitale, elle est aussi un des déterminants de notre plaisir et de notre vie sociale. En parallèle, la façon dont nous nous nourrissons, nos choix alimentaires et la façon dont est produite cette nourriture aurait un impact non négligeable sur la planète.
A l’heure où nous avons conscience qu’un « bon » équilibre alimentaire est indispensable pour prévenir les maladies chroniques telles que le diabète ou l’obésité, gouffres économiques en plus de fléaux sanitaires, et où de nombreux experts prédisent que la population mondiale dépassera les 9 milliards d’ici 2050, nécessitant de repenser et d’optimiser notre culture agricole sans pour autant dégrader notre planète, comment pourrons / devrons-nous nous nourrir dans l’avenir, tout en gardant cette notion indispensable du plaisir culinaire ?
Simili-steak à base de protéine végétale ou de viande cellulaire, farine d’insecte, desserts et boissons fermentés, ingrédients à base d’algues… La liste des innovations alimentaires destinés à s’inviter à notre table ne cesse de s’allonger. Voilà quelques pistes éclairantes sur le potentiel futur contenu de nos assiettes. Spoil, certaines d’entre elles vont à l’encontre des injonctions tournées vers une consommation plus locale ou moins transformée.
Les insectes à toutes les sauces
Si l’idée de manger des insectes semble repoussante, vous pourriez être surpris d’apprendre que nous en mangeons déjà régulièrement sans même le savoir. Si vous êtes consommateur de bière par exemple, il semblerait que la limite acceptable d’insectes dans le houblon est de 2 500 pucerons pour 10 grammes.
Quoi qu’il en soit, ces dernières années à travers le monde, le nombre de startups développant de nouveaux produits alimentaires à base d’insectes a explosé et aiguisé l’appétit des fonds d’investissement, à l’instar des entreprises françaises Ynsect ou Innovafeed, entreprises biotechnologiques spécialisées dans l’élevage d’insectes à destination de l’alimentation animale et végétale. Si ces initiatives font tant parler d’elles, ce n’est pas tant pour le plaisir gustatif de ce qu’elles proposent que pour les défis environnementaux auxquelles elles prétendent répondre. En 2013, un rapport de l’ONU arguait même de l’efficacité des insectes pour transformer les aliments en masse corporelle, et que leur élevage n’émettrait que de faibles quantités de gaz à effet de serre.
Pourtant, malgré l’engouement médiatique, les études scientifiques s’intéressant au potentiel de la consommation d’insectes sur le plan environnemental restent mitigées et nous, consommateurs, ne sommes pas prêts à remplacer notre burger ou même notre steak de soja contre un criquet croquant.
La viande pré-fabriquée
Pionniers en la matière, des laboratoires basés aux Etats-Unis ou aux Pays-Bas travaillent depuis de nombreuses années sur des techniques destinées à la culture de la viande in vitro.
Dès 2013, le chercheur néerlandais Mark Post a présenté le premier hamburger de synthèse après six ans de recherche.
Concrètement, mais sans rentrer dans un détail trop scientifique, pour fabriquer cette viande « artificielle », on prélève des cellules d’un animal vivant que l’on fait croître ex-vivo, c’est-à-dire en dehors du corps de l’animal. Sa production ne nécessite aucun abattage d’animaux.
D’après le site Internet de la société néerlandaise Mosa Meat, fondée par Mark Post, la production de viande cultivée ne présenterait que des avantages. Elle permettrait de réduire de manière drastique l’impact environnemental de la production de viande ainsi que le risque de maladies infectieuses transmises de l’animal à l’être humain. De plus, le goût de la viande cultivée serait proche de celui d’une viande conventionnelle.
D’abord vendus à petite échelle, ils devraient être disponibles dans la grande distribution d’ici 2025.
Les protéines végétales
Steaks de soja, boulettes végétales, « faux-mage », … les imitations végétariennes et même vegans de nos jadis best-sellers en terme de protéines animales gagnent du terrain, et de nombreux restaurants et supermarchés proposent désormais des saucisses, aiguillettes de «poulet» et autres «steaks hachés» préparés exclusivement à partir de végétaux.
Selon Arnaud Cocaul, médecin nutritionniste, ces simili-carnés proposent des taux de protéines proches de ceux de la viande – environ 20 % – avec un bon équilibre en acides aminés essentiels. Ce qui est aligné avec les recommandations nutritionnelles d’une plus grande consommation de légumes et légumes secs, c’est que ces « no meat » sont souvent composés de protéines de soja, de pois ou de lupin.
Mais les experts alertent : ces innovations grande conso sont souvent ultra-transformées, renferment un taux de sel bien trop élevé, ce qui va finalement à l’encontre des recommandations nutritionnelles.
Quoi qu’il en soit, l’idée véhiculée par les auteurs de science-fiction selon laquelle l’alimentation du futur consisterait à se nourrir de compléments alimentaires personnalisés, renfermant la juste de dose de nutriments adaptés à nos organismes semble s’éloigner : manger ne consiste pas uniquement à se nourrir de façon animale; le plaisir de manger, de se retrouver autour d’un moment de convivialité, et de cuisiner devrait continuer de primer.
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