Bonjour,
Chacun le sait, je suis une fervente technophile / technofan, convaincue que le numérique et les avancées technologiques ont le pouvoir d’améliorer nos vies, de favoriser l’inclusion, d’être vecteur d’avancées indispensables en matière de santé et d’éducation…
Sauf que depuis quelques temps, mes idéaux sont bousculés. Je lis, je participe à de nombreux débats et conférences, j’échange avec des experts du numérique ou politiques (notamment un récent échange passionnant avec Nicolas Baverez sur la prise de pouvoir des régimes totalitaires sur les régimes occidentaux) et je m’interroge sur le danger que peuvent représenter le numérique et l’omniprésence des idéologies et des « minoritaristes » ultra bruyants pour notre liberté et nos démocraties. Parmi celles-ci, je citerais le wokisme, les extrémistes politiques de gauche comme de droite, les idéologies écologiques poussées à leur paroxisme et sans nuance, etc… Je l’évoquais déjà il y a quelques temps sur le blog Ikigai, je suis particulièrement soucieuse des risques que provoquent ces mouvements chez certaines personnes vulnérables et influençables.
Rappelons-le, les idéologies, par nature, sont un ensemble d’idées, de croyances et de valeurs qui forment la base d’un système social, politique, ou économique. Elles ne sont pas dangereuses en elles-mêmes, mais lorsque des idéologies extrêmes ou radicales (souvent caractérisées par une vision du monde dichotomique, où tout est noir ou blanc, bien ou mal) gagnent en popularité et commencent à polariser la société, cela peut engendrer des menaces sérieuses pour les principes de base de la démocratie : le dialogue, le compromis et le respect des opinions divergentes.
Surtout lorsque ces idéologies sont de base fondées sur le rejet des institutions démocratiques, l’hostilité envers les minorités et le déni des faits scientifiques. Par exemple, l’essor des mouvements « alt-right » et QAnon aux USA a mené à l’assaut du Capitole en janvier 2021.
Bien sûr, l’avènement d’internet, des réseaux sociaux et de l’intelligence artificielle sont un vecteur de propagation précieux pour ces mouvements.
Dans un passionnant échange entre Yann LeCun (Prix Turing 2019, chercheur, Directeur du laboratoire d’intelligence artificielle de Meta) et l’historien Yuval Noah Harari paru cette semaine dans Le Point, les deux experts nous rappellent qu’en 2017, Vladimir Poutine avait déclaré lui-même que le pays qui serait leader dans le domaine de l’intelligence artificielle deviendrait celui qui dominerait le monde.
Et l’historien de rajouter « Ca peut être merveilleux, mais si l’IA tombe entre de mauvaises mains, elle peut aussi détruire la démocratie. La source de la démocratie est la conversation entre les personnes, et s’il existe ces agents capables de tenir une conversation mieux que n’importe quel humain, déployés au service d’acteurs irresponsables, un scénario catastrophe peut se dessiner. »
Vertigineux.
Rappelons-le, les actes malveillants qui peuvent surgir du numérique :
Désinformation et Fake-News : largement critiqués par Frances Haugen, lanceuse d’alerte sur les dérives liées à la modération des contenus par son ex-employeur Facebook, les réseaux sociaux sont pointés du doigt pour leur rôle dans la propagation de la désinformation et des fausses nouvelles. Ces fausses informations pourraient être utilisées pour manipuler l’opinion publique, promouvoir des idéologies extrêmes et saper la confiance envers les institutions démocratiques. L’essor des intelligences artificielles génératives de créations de photos à la demande vient amplifier le phénomène.
Les bulles d’intérêt : Les algorithmes de recommandation des réseaux sociaux tendent à créer des « bulles d’intérêt où les utilisateurs sont principalement exposés à des informations qui renforcent leurs croyances et opinions existantes. Cela peut entraîner une polarisation accrue, car les individus sont moins exposés à des points de vue divergents et sont donc moins susceptibles de remettre en question leurs croyances.
Espionnage industriel et politique : C’est bien l’enjeu de l’interdiction de TikTok dans de nombreux pays, notamment au sein des instances parlementaires et gouvernementales du Royaume-Uni, du Parlement Européen ou en Nouvelle Zélande en raison des inquiétudes suscitées par les liens étroits de l’entreprise avec le gouvernement chinois et la sécurité des données des utilisateurs.
Sommes-nous foutus ?
Je suis une optimiste, et j’ai envie de croire que non. Mais on a du boulot. Surtout nos politiques, instances de régulation et autres acteurs de l’éducation.
Sur les deux premiers enjeux, les instances sont en ordre de marche. On verra quelles lois en sortiront. En matière d’éducation, il me semble plus que jamais crucial de promouvoir une éducation de qualité qui encourage l’esprit critique, la tolérance et le respect de la diversité. En outre, une éducation aux médias et à l’information peut aider les citoyens à mieux comprendre comment fonctionnent les réseaux sociaux, comment ils peuvent être utilisés pour manipuler l’opinion publique et comment distinguer les faits de la désinformation.
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Aujourd’hui, on parle de LLM (Large Language Models)
Les grands modèles de langage sont un sous-ensemble de l’intelligence artificielle qui a été entraîné sur de grandes quantités de données textuelles pour produire des réponses semblables à celles des humains. C’est sur ce protocole que se base ChatGPT par exemple.
🗣 La citation inspirante
“La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes.”
Winston Churchill
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