Le premier semestre 2023 est marqué par un déploiement accéléré, auprès du grand public, de l’intelligence artificielle générative. Entre suppression d’emplois, débats éthiques et opportunités économiques, voilà le récapitulatif de ces six derniers mois qui pourraient bien redessiner le futur du secteur de la tech.

Dans le tourbillon incessant de l’ère numérique, le premier semestre 2023 a été marqué par l’annonce de la suppression de milliers d’emplois : 12.000 chez Google, 10.000 chez Microsoft, 20.000 chez Méta… Cette saignée des effectifs vise à répondre à la frilosité et l’incertitude des investisseurs dans un contexte de profond bouleversement et d’innovations de rupture dans le secteur de la tech. En effet, la période a été marquée par un foisonnement d’innovation sans précédent et de prises de positions qui dessinent le futur de cette industrie. 

Le cœur du réacteur bat au rythme de l’intelligence artificielle, du metaverse et des réseaux sociaux. Alors que la rentrée s’annonce riche en nouvelles annonces, avec tous les espoirs, les ambitions et les préoccupations qui les accompagneront, voici ce qu’il faut retenir des enjeux des six derniers mois.

  • OpenAI dévoile une version payante et améliorée de ChatGPT, son intelligence artificielle textuelle générative

Après la mise sur le marché d’une première version accessible au grand public fin 2022, OpenAI, l’organisation à l’origine de ChatGPT, a dévoilé la quatrième génération de son modèle de langage conversationnel, offrant un niveau de sophistication et de fonctionnalité inédite. Dans une manœuvre audacieuse et inattendue, la fondation américaine a lancé simultanément une version payante de son bot ainsi que de nouvelles fonctionnalités telles que la capacité de navigation web.

Celle-ci permet au modèle de puiser dans l’immensité d’informations disponibles en ligne pour enrichir ses interactions avec les utilisateurs. Cette fonctionnalité répondant aux faiblesses de la précédente version de l’outil, l’IA ayant été entraîné sur des données s’arrêtant en 2021. Cependant, après un court laps de temps, la fonctionnalité de navigation web a été supprimée, l’outil fournissant des contenus censés être payants.

  • Google propulse Bard, sa réponse à ChatGPT

Lancé en début d’année outre Atlantique puis dans le reste du monde avant l’été, Google a fait une entrée remarquée dans le monde de l’IA générative en dévoilant Bard, son tout dernier modèle linguistique. En utilisant des techniques d’apprentissage profond avancées, Bard est capable de générer du texte, de traduire des langues, et même de créer différents types de contenu créatif. Avec une ambition similaire à celle de ChatGPT, Bard promet de révolutionner notre façon d’interagir avec les machines, en insufflant un nouveau niveau d’intelligence et de fluidité à nos échanges avec la technologie.

  • Apple se lance dans la réalité augmentée

Lors de sa keynote annuelle de juin, Apple a dévoilé Vision Pro, son casque de réalité augmentée qui pourrait non seulement changer la façon dont nous interagissons avec la technologie, mais aussi redéfinir le concept de Metaverse. Avec son interface intuitive et sa capacité à superposer des éléments numériques à notre monde physique, Vision Pro s’appuie sur l’expertise d’Apple dans le design et la technologie pour offrir une expérience de réalité augmentée sans précédent. La première version de ce nouvel outil sera lancée en janvier 2024, uniquement aux Etats-Unis.

  • Mark Zuckerberg lance Threads, nouveau réseau social frontalement rival de Twitter

Conçu pour faciliter le partage de contenus courts en temps réel, très similaires aux tweets, Threads, nouveau réseau social lancé par Meta, maison mère de Facebook, « est l’endroit où les communautés se réunissent pour discuter de tout, des sujets qui vous intéressent aujourd’hui à ce qui sera tendance demain« , peut-on lire dans la description. 

La compétition entre Threads et Twitter, désormais X, promet d’être féroce. Seulement quelques jours après son lancement, le nombre d’inscriptions a dépassé les 100 millions d’utilisateurs, inédit dans le monde la tech. Son déploiement en Europe a été retardé pour des raisons réglementaires. Aucune date de lancement sur le Vieux Continent n’a été communiquée par l’entreprise.

  • Twitter est mort, vive X

Après avoir racheté le réseau social Twitter en avril 2022, le célèbre entrepreneur Elon Musk a choisi de le renommer « X » pour marquer une nouvelle ère dans l’histoire de la plateforme. Ce rebranding est loin d’être un simple changement de nom : il symbolise une refonte profonde de la mission, de la vision et de l’approche de Twitter. En tant que pionnier dans les domaines de la technologie et de l’IA. Elon Musk est bien connu pour repousser les limites de ce qui est possible et pour défier constamment le statu quo. C’est exactement ce qu’il fait avec le rebranding de Twitter en « X », lettre au cœur de tous les projets de l’entrepreneur, du nom de sa société X Corp, à son projet SpaceX en passant par la Tesla Model X.

Ce nouveau nom est aussi emblématique du désir de Musk de voir « X » comme un point de départ pour des idées nouvelles et audacieuses, un lieu où les utilisateurs peuvent se libérer des contraintes traditionnelles des médias sociaux et se lancer dans de nouvelles formes d’expression et de communication. Derrière ce coup de communication, Elon Musk a confirmé son ambition : celle de faire de « X » le WeChat américain, doté en particulier de services financiers. Une référence à la puissante plateforme chinoise, ce qui génère de nombreuses inquiétudes. 

  • Netflix met fin aux partages de comptes

L’annonce a fait bondir les adeptes de streaming : début 2023, Netflix met fin au partage de comptes entre utilisateurs. Véritable coup de maître et performance business, contrairement à ce que les critiques avaient anticipé, la décision de Netflix a eu pour conséquence de faire grimper le nombre d’abonnements. Selon une analyse de Bloomberg Second Measure, Netflix a enregistré une hausse impressionnante de 236% de nouveaux abonnements aux États-Unis entre le 21 mai et le 28 juin. La décision de la plateforme de mettre un terme à cette pratique pourrait bien être le prélude à un changement majeur dans le modèle économique des services de streaming.

  • Avec l’IA Act, l’Europe trace la voie pour une IA éthique et centrée sur l’humain

En ce début d’année, la Commission européenne a rendu publique l’AI Act (Artificial Intelligence Act), son projet de réglementation sur l’intelligence artificielle. Cette initiative, pionnière au niveau mondiale, vise à encadrer l’intelligence artificielle de façon à la rendre digne de confiance, centrée sur l’humain, éthique, durable et inclusive.

Pour protéger les usagers, les IA y sont catégorisées selon la gravité des risques qu’elles posent, avec des garde-fous adaptés à chaque type. Selon Margrethe Vestager, commissaire européenne à la concurrence, l’IA Act devrait être adopté d’ici à la fin de l’année.

  • Les géants de la Tech se concertent sur l’IA

Face aux progrès fulgurants et parfois déconcertants de l’IA, les poids lourds de la technologie ont lancé le Frontier Model Forum, un organisme destiné à adresser les enjeux éthiques et sociétaux de l’IA et à réglementer le développement des intelligences artificielles de dernière génération. 

L’entité qui rassemble OpenAI, Microsoft, Alphabet et Anthropic promet de se consacrer à l’avancement de la recherche en matière de sécurité de l’IA. Selon ses fondateurs, son objectif est d’établir des standards de meilleures pratiques pour le déploiement des modèles d’IA de pointe, tout en instaurant un dialogue fructueux avec les décideurs politiques, les établissements universitaires et les entreprises.

  • Hollywood en grève contre l’IA

Le syndicat des acteurs américains est en grève depuis le 14 juillet. Ils rejoignent le syndicat de la profession, le SAG-AFTRA, représentant 160.000 professionnels du cinéma et de la télévision, qui accuse les grands studios américains de vouloir les remplacer par des machines. Ce mouvement interdit aux acteurs membres de l’organisation de se rendre sur les plateaux de tournage mais aussi de participer à une quelconque activité promotionnelle.

Outre une revalorisation de leur rémunération, ils exigent des garanties quant à l’utilisation de l’intelligence artificielle, pour éviter qu’elle ne menace leur métier et leur créativité.  En cause, les intelligences artificielles dites génératives capables de remplacer les doublures, de rédiger des scénarios ou de créer des images dont il sera de plus en plus difficile d’identifier la part de réel. Le phénomène pourrait se répercuter sur nos productions françaises et européennes, le mouvement gagnant du terrain auprès des syndicats d’acteurs en France et aux Royaume-Uni.