Tribune initialement parue dans Harvard Business Review

L’intelligence artificielle bouleverse le monde du travail, et la formation à cette technologie devient une nécessité impérieuse pour sécuriser son avenir professionnel et rester compétitif.

Dans un monde où l’intelligence artificielle (IA) redéfinit rapidement les frontières entre les secteurs technologiques et traditionnels, la nécessité de se former à ces technologies émerge comme un impératif stratégique. Une étude récente du Boston Consulting Group (BCG) a révélé que les Français sont particulièrement anxieux quant à l’impact de l’IA générative, 31% des employés français se disant préoccupés par son usage au travail contre 15% en moyenne, ce qui fait de la France le pays le plus pessimiste sur le sujet. Cette réticence s’étend aussi à la vie quotidienne, où près de la moitié des consommateurs français se disent préoccupés, contre 29% globalement.

Alors que les entreprises à travers le monde intègrent de plus en plus l’IA dans leurs opérations, les compétences liées à cette technologie sont devenues cruciales pour les travailleurs cherchant à rester compétitifs sur le marché de l’emploi.

Les défis de la réticence française à l’IA

La réticence française à l’adoption de l’intelligence artificielle générative pose des défis significatifs, tant sur le plan économique que social. La peur et l’anxiété manifestées par un grand nombre d’employés et de consommateurs peuvent entraver le développement et l’intégration de ces technologies, cruciales pour maintenir la compétitivité dans une économie mondialisée.

Impact économique

Selon l’étude de McKinsey Global Institute, l’IA a le potentiel d’avoir un impact de 13 trillions de dollars sur l’économie mondiale d’ici 2030, mais pour que cela se réalise, une adoption plus large est nécessaire. La France, cependant, affiche une adoption plus lente par rapport aux autres économies avancées. Cette lenteur pourrait limiter la croissance économique et l’innovation dans le pays, renforçant ainsi un cycle de retard technologique et de faible productivité. Par exemple, les entreprises qui n’adoptent pas l’IA risquent de perdre un avantage concurrentiel crucial dans des secteurs tels que la fabrication, la logistique et les services financiers, où l’automatisation et l’analyse des données deviennent progressivement la norme.

Barrières culturelles et éducatives

Cette hésitation est en partie due à des barrières culturelles et éducatives. La France valorise fortement l’excellence académique et le respect des professions réglementées, ce qui peut engendrer une méfiance envers les technologies jugées disruptives. De plus, un déficit de formation et de sensibilisation à l’IA limite la compréhension de ces technologies, alimentant la peur de l’inconnu. Intégrer l’enseignement de l’IA dès le plus jeune âge et dans la formation continue pourrait aider à surmonter ces obstacles.

Défi social et de l’emploi

La peur de la perte d’emplois due à l’automatisation est un autre aspect critique de la réticence à l’IA. Bien que l’IA puisse créer de nouvelles opportunités d’emploi, elle peut également rendre certains emplois obsolètes. Cette transition peut être particulièrement difficile dans une économie où les taux de chômage sont déjà élevés. Il est donc essentiel de développer des stratégies de transition pour les travailleurs affectés, en proposant des programmes de reconversion et de formation qui les préparent aux emplois de demain.

Divergence dans l’adoption entre secteurs

Il existe également des divergences significatives dans l’adoption de l’IA à travers les différents secteurs économiques en France. Alors que les industries telles que les technologies de l’information et la communication adoptent rapidement ces outils, d’autres secteurs comme les services publics et l’agriculture accusent un retard. Cette disparité peut mener à une économie fragmentée où certaines entreprises et industries prospèrent tandis que d’autres stagnent.

Ces défis soulignent l’importance d’une stratégie nationale pour encourager l’adoption de l’IA, réduire les appréhensions et maximiser les bénéfices de ces technologies pour l’économie et la société françaises.

Les bénéfices d’une formation individuelle adaptée

Une sécurité d’emploi accrue

Les individus qui maîtrisent l’IA et ses applications sont plus susceptibles de conserver leur emploi et d’avancer dans leur carrière. Par exemple, les rôles qui nécessitent une supervision et une amélioration des systèmes basés sur l’IA sont moins susceptibles d’être automatisés et nécessitent une compréhension nuancée de ces technologies.

Un potentiel de salaire plus élevé

Les compétences en IA sont parmi les plus recherchées sur le marché du travail actuel. Selon une enquête de PwC, les professionnels formés à l’IA peuvent s’attendre à des salaires significativement plus élevés en raison de la demande croissante pour ces compétences spécialisées. En effet, l’étude montre que 72% des dirigeants d’entreprise considèrent l’IA comme un « avantage commercial ». Dans ce contexte, les travailleurs formés à l’IA peuvent espérer non seulement une meilleure sécurité de l’emploi, mais aussi des salaires plus élevés et des opportunités de carrière plus valorisées.

Une meilleure flexibilité et une adaptabilité renforcée

La formation en IA permet également aux travailleurs de s’adapter rapidement aux changements, de passer facilement d’un secteur à un autre, et de saisir de nouvelles opportunités à mesure qu’elles se présentent. Cela est particulièrement précieux dans un marché du travail en constante évolution, où la capacité à apprendre et à s’adapter peut déterminer le succès à long terme. Selon le World Economic Forum, d’ici 2027, 83 millions d’emplois pourraient être supprimés en raison d’un transfert des tâches entre les capacités humaines et celles des machines, tandis que 97 millions de nouveaux rôles pourraient émerger. Une formation continue en IA permet aux travailleurs de s’adapter et de se préparer à ces nouveaux postes, réduisant ainsi les risques de chômage technologique.

Une réduction de l’anxiété face à l’automatisation

Comprendre l’intelligence artificielle aide à démystifier son impact sur l’emploi, diminuant ainsi les craintes associées. En saisissant comment les machines peuvent soutenir plutôt que remplacer le travail humain, les employés sont mieux équipés pour évoluer dans un environnement technologique qui change rapidement.

La nécessité d’une stratégie nationale d’acculturation et de formation

Pour répondre à ces enjeux, il est impératif pour les décideurs politiques de développer une stratégie nationale autour de l’IA, incluant l’éducation et la formation professionnelles. Des pays comme la Finlande ont été pionnières et ont mis en place des initiatives nationales dès 2019, telles que l’AI Challenge qui visait à former 1 % de la population finlandaise à l’IA, démontrant un engagement proactif en faveur de la préparation de la société à l’ère de l’IA.

La réticence française à adopter l’IA générative, malgré ses bénéfices potentiels, pose des défis importants qui nécessitent une réponse coordonnée impliquant des efforts de sensibilisation, de formation et de soutien à l’innovation. Si elle n’est pas adressée efficacement, cette réticence pourrait non seulement freiner le développement économique du pays, mais également limiter les opportunités pour les travailleurs français dans un marché de l’emploi en pleine mutation. Face à un avenir professionnel incertain et à l’évolution rapide des technologies, la formation individuelle en IA est plus qu’une option, elle est une nécessité stratégique pour tout professionnel aspirant à rester employable. En s’engageant dans l’apprentissage continu et en adoptant une attitude proactive envers l’éducation en IA, les travailleurs peuvent non seulement sécuriser leur avenir professionnel, mais aussi s’ouvrir la porte à de nouvelles opportunités de carrière adaptées au monde contemporain.

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